Espagne, XVe siècle. Le moine Torquemada, qui rêve de purifier par le feu l'humanité pécheresse, est enterré vivant pour hérésie. Sauvé in extremis par deux jeunes héritiers emprisonnés dans un couvent par le roi, il est nommé grand inquisiteur par le pape, soumet à son pouvoir Ferdinand et Isabelle, les rois catholiques, et met le pays à feu et à sang. "Bourreau par charité", Torquemada est le héros fascinant du dernier drame romantique de Hugo, où l'Espagne, la monarchie et le catholicisme sombrent dans l'horreur de l'Inquisition. Cette pièce marie jusqu'à l'impensable l'idéal - l'amour de l'humanité - et le crime - l'extermination par le feu. Elle parut si dangereuse à l'auteur qu'il ne se décida à la publier que des années après l'avoir écrite, en 1882, en réponse aux persécutions subies par les Juifs de Russie. Hugo, fils de la Révolution française, y défend sans manichéisme un universalisme émancipateur et non plus éradicateur : un discours qu'il est bon d'entendre aujourd'hui.