Marcel Pilet-Golaz reste dans l'histoire suisse récente l'un des hommes politiques les plus controversés. A défaut de disposer de mémoires qu'il n'a jamais voulu écrire, l'étude de son action poli- tique et de ses écrits révèle un homme conséquent dans ses choix et ses convictions. Généralement considéré comme un orateur aussi brillant que cas- sant, le Vaudois Marcel Pilet-Golaz (1889-1958) reste l'une des per- sonnalités politiques suisses les plus controversées du XX e siècle. Le 13 décembre 1928, peu avant sa 39 e année, Pilet-Golaz accède au Conseil fédéral et dirige jusqu'en 1940 le département des postes et chemins de fer (le DETEC actuel). Dès 1940, il remplace Giuseppe Motta à la tête du département politique (Affaires étran- gères), poste qu'il occupe jusqu'à sa démission, en 1944. Pilet- Golaz est président de la Confédération en 1934 et en 1940. Vice- président en 1944, il aurait pu accéder à la présidence en 1945. Mais comme il le souligne lui-même dans sa lettre de démission, un ministre des Affaires étrangères de guerre ne peut être celui de l'après-guerre. La figure de Pilet-Golaz qui représente le pouvoir civil reste fascinante, car elle fait contrepoids à celle de Guisan, qui symbolise le peuple en armes. Ces deux figures vaudoises, qui ne s'appréciaient guère mais partageaient des valeurs communes, ont joué un rôle clé lors de la Seconde Guerre mondiale ;