Je ne voyage pas pour souffrir, mettre mon corps à l'épreuve, aller au-delà de moi-même et me purifier pour expier la faute d'être au monde. Je n'ai pas le voyage mystique. Je ne voyage pas avec mon miroir et j'avoue n'avoir jamais vraiment compris ce que pouvait bien signifier être un écrivain voyageur. Je n'ai pas le voyage lyrique. Voyager, c'est rencontrer le Divers, pour utiliser un mot du poète Victor Segalen, dans un monde où il se réduit comme peau de chagrin. Si l'on s'inscrit dans les longues durées, on voyage toujours dans les ruines - d'un village, d'une ville, d'un pays, de l'époque, de soi. J'ai, avant l'heure, le voyage archéologique.