Dans trois heures, le lieutenant Pontoise pourra quitter son commissariat. Il sera alors libre d'oublier pendant deux jours les turpitudes et les angoisses qu'inflige à ceux qui l'exercent le dur métier de policier. A cet instant précis, une femme entre dans le commissariat désert et demande à être arrêtée pour avoir assassiné son mari. "Comment ? ". En le poussant pas la fenêtre de leur appartement du 11e étage. "Quand ? ". Il y a dix ans. "Pourquoi ? ". Parce qu'il était sadique, irresponsable et qu'il la battait, elle et ses enfants. "Comment se fait-il qu'elle n'a jamais été inquiétée ? ". Parce qu'elle a dit qu'il s'agissait d'un suicide et comme son mari sortait d'un hôpital psychiatrique après avoir plusieurs fois tenté de se tuer, tout le monde l'a crue. "Pourquoi se dénoncer si longtemps après ? ". Parce qu'elle a des remords. "Et pourquoi justement ce soir ? ". Parce que c'est, jour pour jour, le dixième anniversaire du décès et que demain le crime sera prescrit…Le lieutenant n'en croit pas ses oreilles. Il refuse d'entendre de telles âneries. Voilà une femme qui, en tuant un franc salaud, a protégé l'avenir de ses enfants, que personne ne soupçonne et qui veut aller en prison pendant des années alors qu'elle a commis le crime parfait. Jamais il ne l'arrêtera. Qu'elle s'en aille cuver ses remords chez elle. Pendant quelques heures, la meurtrière et le policier vont s'affronter avec une violence rare. Elle veut qu'on l'arrête. Il s'y refuse absolument.