Pénétrer le mystère alsacien Achille Walch nous fait pénétrer dans le mystère alsacien : comment et pourquoi est-on indéfectiblement francophile sans manier la langue française et après avoir passé toute sa jeunesse dans un contexte culturel germanique ? Lorsque Achille Walch prend sa retraite de jardinier en 1961, il achète une machine à écrire Japy dans le but d'écrire ses mémoires. Rédigés en bas-allemand, ces récits finissent par constituer une liasse serrée de 385 pages grâce aux carnets qu'il a tenus dès son adolescence. L'auteur recadre son vécu avec ce qui a été décidé par les gouvernements. Ainsi, il met au jour un non-dit, celui des réactions des petites gens face à des problèmes qui les dépassent mais qui les impactent dans leur quotidien comme dans leur destin. Il faut faire le dos rond, il faut se battre, il faut se soumettre, il faut se révolter, il faut se résigner. Il ne faut surtout pas être dupe. L'un de ses patrons lui avait asséné qu'un ouvrier n'avait pas à philosopher, or notre jardinier cherchait précisément à saisir les tenants et les aboutissants de la vie sociale et politique. Finalement, il n'a pas partagé les postures et les comportements ni des ouvriers, ni de leurs maîtres. Il ne s'est pas affranchi de deux messages originels, à savoir les valeurs catholiques et les récits volontiers francophiles de son grand-père Hansala, mais il a réduit en cendres le patriotisme stupide qui conduit à la guerre. Ce volume fait suite à 1914, un destin alsacien, qui justement retraçait la Première Guerre mondiale d'Achille Walch, enrôlé de force dans l'armée allemande. Nous retrouvons notre jardinier en 1922, là où le premier tome l'a laissé, c'est-à-dire dans une Alsace redevenue française après une longue période impériale allemande. L'ouvrage court jusqu'en 1971.