Depuis plusieurs années, la question resurgit avec force : peut-on séparer l'oeuvre de son auteur ? Du Nobel attribué à Peter Handke aux César remis à Roman Polanski, sans parler du prix Renaudot décerné à Gabriel Matzneff, le débat fait rage. De même, l'antisémitisme d'un penseur comme Heidegger ou d'écrivains comme Céline et Maurras trouble notre appréciation de leur legs et suscite d'âpres querelles. Faut-il considérer que la morale des oeuvres est inextricablement liée à celle de leurs auteurs ? Et dès lors bannir les oeuvres lorsque leur auteur a fauté ? Loin de l'invective, ce court essai entend remettre cette question dans une perspective historique, philosophique et sociologique, en analysant les prises de position dans ces affaires pour offrir à chacun les moyens de cheminer intellectuellement sur un terrain semé d'embûches.