Le débat public sur l'Ecole ne peut être que passionné puisqu'il en va de l'avenir de nos enfants et de nous-mêmes. Les ministres changent, le malaise des professeurs empire, le mal-être des élèves grandit. Experts et leaders politiques recherchent les causes des défaillances du système et pour ce faire invoquent la responsabilité tant des enseignants, familles, société, mondialisation que des jeunes eux-mêmes. Un fait est certain : l'Ecole démocratique n'offre plus l'égalité des chances. Pire, elle reconduit voire accroit les inégalités au lieu de tenir sa promesse républicaine d'une égale émancipation. Quelle est la pertinence d'un tel diagnostic ? Pour répondre, il s'agit d'apprécier les tenants et les aboutissants du système d'enseignement français afin de comprendre comment l'Ecole de l'âge féodal et aristocratique, fondée sur le sang et la propriété foncière, est devenue l'Ecole méritocratique contemporaine, fondée sur le talent et le travail. L'histoire et la sociologie nous font ici comprendre l'urgence et la nécessité, non pas de réformer l'Ecole, mais de la transformer.